Freelance, slasheur, jeune entrepreneur : vivre libre, mais prévoir solide

De plus en plus de jeunes choisissent de travailler à leur façon : en freelance, en lançant des projets ou en cumulant plusieurs activités. C’est excitant, mais comment gérer l’argent, les imprévus, et le côté administratif quand on débute ? Des jeunes qui ont sauté le pas et des professionnels partagent ce qu’ils ont appris.

Le freelancing, le slashing (cumuler plusieurs jobs), l’entrepreneuriat correspondent à nos goûts. Ce qu’on cherche ? Exercer nos métiers et activités à notre rythme, sur des projets qui ont du sens, sans forcément dépendre d’un patron. Cette tendance se confirme du côté des spécialistes et des observateurs des réalités économiques : « Ceux et celles qui démarrent leur carrière veulent plus de liberté et d’impact dans leur travail », explique Hana Samet, membre du conseil d’administration de la Swiss Startup Association. Mais elle prévient aussi : « Cette liberté s’accompagne de nombreux risques financiers. Beaucoup sous-estiment l’importance de bien planifier leurs finances dès le départ ». L’énergie et la motivation sont bien là, mais l’organisation ne suit pas toujours. Parmi les pièges les plus fréquents : ne pas
disposer d’économies suffisantes pour traverser les périodes creuses, ignorer les obligations fiscales des indépendants en Suisse, négliger la mise en place d’un cadre légal adapté ou encore faire l’impasse sur les contrats et les assurances professionnelles. Bref, autant de points qu’il vaut mieux ne pas oublier quand on se lance.

L’apprentissage sur le terrain

Sacha Siegenthaler et Jennifer Mampasi ont 21 et 24 ans. En plein dans leurs études à Lausanne, ils ont fondé leur propre agence de marketing digital, Hi Zia (www.hizia.xyz/fr), pour aider les marques à toucher les jeunes générations. Ce qui les a motivés ? « Voir d’autres jeunes se lancer sur les réseaux sociaux a été un vrai moteur », racontent-ils. Bien qu’ils soient encore en formation, ils prennent déjà les finances au sérieux : « Même si ce n’est pas notre priorité absolue aujourd’hui, nous nous entourons de professionnels, comme des conseillers en assurance ou une fiduciaire. Et nous maintenons une trésorerie de sécurité pour anticiper les charges à venir, notamment en vue d’un changement de statut juridique ».

Cumuler les activités, pour rester stable

Lara Melo Wollinger et Zainab Bahri, 22 et 21 ans, sont vice-présidentes de la Junior Entreprise Genève (https://jeg.ch/), une structure où des étudiantes et des étudiants mettent leurs compétences au service de missions très concrètes pour des entreprises : audits, études de marché, conseils… Et à côté ? Elles gèrent d’autres projets, des engagements associatifs, et leurs études. Pour elles, ce n’est pas juste du multitâche : « C’est une forme de pluriactivités choisies », expliquent-elles. Il y a là une stratégie pour apprendre à gérer son temps, être réactif, s’adapter. Et cela apporte aussi une vraie sécurité : « Diversifier nos expériences, nos revenus, nos compétences : c’est une protection financière ! Nous accumulons de nouveaux savoirs et du capital professionnel et mental ».

Apprendre les bases, s’entourer, créer son réseau

Si on veut se lancer dans une vie professionnelle indépendante, loin du modèle salarié traditionnel, le conseil d’Hana Samet est clair : « Formez-vous aux bases de la fiscalité, de la gestion de projet, de la prévoyance. Rapprochez-vous de professionnels et de mentors, et n’hésitez pas à structurer légalement votre activité dès le départ ». Sacha et Jennifer le confirment : « Nous lisons beaucoup, nous écoutons des retours d’expérience d’autres jeunes entrepreneurs, nous prenons conseil auprès de spécialistes ».

Ce réflexe d’apprentissage permanent, on peut l’observer un peu partout autour de nous, et surtout, l’adopter. Car nos parcours ne seront pas linéaires. On peut passer du freelancing à un projet associatif, d’un poste salarié à une aventure artistique, puis revenir à son compte plus tard. Ce qui compte : diversifier ses revenus, être souple… mais ne pas laisser de côté la prévoyance. Sortir des cases, oui – mais pas à l’aveugle. Celui ou celle qui se lance aujourd’hui ne rêve pas d’une sécurité rigide, mais de liberté bien pensée et construite. En se formant, en s’entourant, en variant ses activités et en gardant un œil sur ses finances, chaque jeune freelance, slasheur ou entrepreneur crée son propre système. Un système solide, agile, et aligné avec sa vie.